Enseignant-chercheur à Polytech Nice Sophia
Paola Santisi, Enseignant-chercheur à Polytech Nice Sophia, nous partage sa vision de son métier et nous fait découvrir au travers de cette interview le quotidien de sa casquette de chercheuse !
Retrouvez également la vidéo de l'interview en fin de l'article
1/ Pouvez-vous décrire votre domaine de recherche et les questions sur lesquelles vous travaillez quand vous n’êtes pas devant les étudiants de l’école ?
Je développe ma recherche dans le domaine du génie parasismique, en particulier, j’ai déjà travaillé sur la modélisation de l’action sismique pour le dimensionnement des bâtiments et des ouvrages, sur l’interaction dynamique entre le sol et la structure, sur le comportement non linéaire des matériaux du Génie civil, sur la modélisation du comportement sismique des bâtiments et l’identification structurelle du bâti existant par l’inversion de la réponse structurelle au bruit ambiant.
Je fais partie de l’équipe « Bâtiments » du laboratoire de recherche Polytech’Lab qui est spécialisé dans la Science pour l’ingénieur. Je travaille dans le domaine de la Mécanique des matériaux et des structures.
2/ Quel est le dernier résultat majeur que vous avez atteint avec les membres de votre équipe ?
Les dernières années j’ai développé un partenariat de recherche publique/privé avec l’entreprise niçoise FILIATER qui conçoit et construit des bâtiments en matériaux géo-sourcés pour des raisons écologiques. Ce partenariat a apporté à l’obtention d’un ATEX (Avis technique d’expérimentation) pour permettre d’assurer un bâtiment construit avec une nouvelle technologie de construction en blocs de terre comprimée en zone sismique. Le travail de recherche a été développé en collaboration avec une doctorante financée par la Région Sud et par l’entreprise.
Grâce à ce partenariat j’ai obtenu le financement, par l’état, d’un projet ANR, pour permettre le développement des connaissances scientifiques qui porteraient à l’industrialisation de la technologie de construction en blocs de terre comprimée. En même temps, on participe à deux projets nationaux (Dolmen et Terre crue) qui permettent l’échange avec d’autres acteurs, pour le développement des compétences sur la technologie de construction en maçonnerie géo-sourcée appliquée à des bâtiments et à des ouvrages. Un projet européen est aussi porté par les membres de l’équipe pour développer les aspects constructifs et thermiques des bâtiments en blocs de terre comprimée.
3/ Quelle est la spécificité de ce domaine de recherche sur le territoire des Alpes-Maritimes ?
Tout d’abord en étant dans une zone qui est entre les plus sismiques en France métropolitaine, les entreprises locales ont besoin d’aborder les problématiques liées à la construction parasismique. Cela est maîtrisé (ou on considère qu’on le maîtrise) pour des matériaux de construction classiques (béton armé, acier), mais il est nécessaire de développer des recherches quand on décide d’utiliser des nouveaux matériaux et des nouvelles technologies de construction. La volonté de répondre aux exigences environnementales nous obliges à diversifier les matériaux de construction et à choisir des solutions où la quantité de béton utilisée est réduite au strictement nécessaire.
4/ Dans quelles formations enseignez-vous et comment votre recherche influe-t-elle sur vos enseignements au sein de l'école ?
J’enseigne au sein du départements « Bâtiments » de Polytech Nice Sophia, précédemment appelé « Bâtiment durable et intelligent ». J’interviens dans tous les cours de modélisation et calcul de la structure du bâtiment et, en particulier, je donne les cours de « Conception parasismique » des bâtiments et de « Bâtiments en maçonnerie ». Ma recherche influence mes cours puisque je raconte et je discute avec eux les études passées et actuelles. D’une part, ça leur apporte des belles histoires vécues à écouter, d’autre part ils me voient toujours comme quelqu’un de passionné et même si mes cours sont plutôt durs ils finissent par les apprécier.
5/ Quel est votre prochain rendez-vous avec les étudiants de l'école ?
Actuellement je coordonne un projet de fin d’études pendant la dernière période à l’école des étudiants de 5ème année, encadrée par des professionnels du bâtiment. En parallèle, j’encadre une thèse doctorale. Actuellement, je sélectionne des candidatures pour un stage, pour une thèse doctorale et pour un post-doctorat dans le cadre des projets de recherche que je porte.
6/ Pourquoi avez-vous décidé de devenir Enseignant-Chercheur ? D'où est venu le déclic ?
Je ne l’ai pas vraiment décidé mais il y a eu une suite d’opportunités qui ont fait déjà que j’accepte une bourse doctorale et que je découvre le goût pour l’enseignement et pour la recherche pendant mon travail de thèse. Pendant les 4 ans d’activité post-doctorale, j’ai fait 3 ans uniquement de recherche et 1 an en couplant enseignement et recherche. C’est là que j’ai compris que les deux activités ensemble me donnaient plus du point de vue scientifique et humain. L’arrivée à PNS et dans cette belle Région a été la volonté du destin.
7/ Et pour finir, quelques mots pour encourager les jeunes filles à se diriger dans des métiers scientifiques et ingénierie du bâtiment ?
Les jeunes filles savent très bien ce qu’elles veulent et elles n’ont pas besoin d’encouragements. Leur volonté fait qu’elles réussissent bien pendant la formation parce qu’elle l’ont choisie attentivement.
La vie professionnelle reste parfois plus dure surtout pour la carrière, mais chacun apporte sa spécificité dans un milieu professionnel mixte qui est sans doute plus enrichissant.