Interview de Fréderic Precioso

Enseignant à Polytech Nice Sophia et chercheur dans l'équipe Masäi du laboratoire I3S-Inria

Publié le 18 novembre 2024 Mis à jour le 22 novembre 2024

Fréderic Precioso, Enseignant à Polytech Nice Sophia et chercheur dans l'équipe Masäi du laboratoire I3S-Inria, nous fait découvrir l'importance et le potentiel de l'IA dans des secteur comme le médical et comment il se fait le relai de ses découvertes auprès de ses élèves.

Retrouvez également la vidéo de l'interview en fin de l'article
 

1/ Pouvez-vous décrire votre domaine de recherche et les questions sur lesquelles vous travaillez quand vous n’êtes pas devant les étudiants de l’école ?
Je travaille sur les modèles de réseaux de neurones (surtout les récents modèles fondation), d’une part sur la conception de réseaux de neurones pour répondre à des questions scientifiques dans de nombreux domaines : la santé, les transports, le multimédia, la protection de la biodiversité…, et d’autre part sur des questions plus théoriques liées à ces modèles : comment construire ces modèles à partir de très peu de données d’apprentissage ? Comment construire ces modèles à partir de données très hétérogènes (texte, images/vidéos, audio, graphes, séries temporelles, etc) ? Comment construire ces modèles avec moins de ressources en mémoire et/ou en énergie ? Comment rendre les décisions de ces modèles explicables ou interprétables ? Comment intégrer les connaissances d’experts et d’expertes métier dans ces modèles statistiques ?  Comment construire un modèle sur des données pour le transférer ensuite à de nouvelles données différentes ? Comment garantir la robustesse du modèle ?

2/ Quel est le dernier résultat majeur que vous avez atteint avec les membres de votre équipe ?
Plusieurs projets et plusieurs collaborations ont abouti à des résultats importants : dans le cadre d’une collaboration avec l’Université Laval nous avons défini une nouvelle façon d’entrainer un réseau de neurones qui permet à partir de très peu de données de fournir un diagnostic performant de cancers ; dans le cadre du projet européen AI4Media nous avons défini un nouveau modèle qui permet à une experte ou un expert métier (biologiste, géologue, archéologue, etc) d’intégrer ses connaissances propres dans le processus d’entrainement d’un réseau de neurones.

3/ Quelle est la spécificité de ce domaine de recherche sur le territoire des Alpes-Maritimes ?
L’Université a remporté une compétition nationale en 2019 et a obtenu l’un des 4 Instituts Interdisciplinaires en Intelligence Artificielle (3IA) avec Grenoble, Toulouse, et Paris centre. Cela a engendré une intensification de l’intégration de l’IA dans tous les domaines professionnels, une dynamique particulièrement importante au sein de l’Université et des établissements de recherche autour (INRIA, INRAE, INSERM, CNRS, etc). Or si certains territoires sont plus spécialisés dans un domaine ou un autre (l’électronique, l’environnement, l’aéronautique, l’automobile, etc), Sophia Antipolis en tant que plus grande technopole d’Europe couvre tous les domaines. Cela offre une diversité particulièrement riche de projets, de collaborations, de sujets, ouvrant des défis en IA. Plus récemment, l’année dernière l’Université a obtenu un nouveau grand projet financé par l’Etat, EFELIA (l’Ecole FrançaisE de l’IA), pour déployer des enseignements en IA dans toute l’Université, et bien sûr donc au sein de l’école.

4/ Dans quelles formations enseignez-vous et comment votre recherche influe-t-elle sur vos enseignements au sein de l'école ?
J’enseigne au sein du département Sciences Informatiques (SI) dans les 2 dernières années du cursus d’ingénieur, et dans de nombreuses filières de Master de l’Université. J’enseigne le Machine Learning et le Deep Learning dans toutes ces filières, et j’enseigne dans le Diplôme Universitaire IA & Santé, un module Ethique en IA, l’IA pour les industries créatives, l’IA pour les smart territories…J’enseigne aussi les modèles fondation (du type ChatGPT) à l’Ecole des Mines de Paris. Ma recherche influe directement sur mes enseignements puisque chaque année la moitié de mes modules de niveau Master 2 doivent être mis à jour pour enseigner à nos étudiantes et à nos étudiants, les dernières avancées en IA. J’enseigne en particulier les modèles issus des toutes dernières publications scientifiques que j’utilise dans ma recherche, et souvent même des modèles que nous avons conçu dans notre équipe.

5/ Et pour finir, quel est votre prochain rendez-vous avec les étudiants de l’école ?
Mon prochain rendez-vous est la semaine prochaine avec les 4A en TD de Machine Learning, et dans quelques semaines avec les 5A. Le prochain gros rendez-vous ce sera pour les stages parce que depuis mon retour à l’école il y a 12 ans, chaque année je prends des stagiaires de l’école, et chaque année au moins une ou un fait une thèse sous ma direction, avec de nombreux succès par le passé.